Correspondance inédite

André Breton, Paul Eluard, Correspondance, 1919-1938.

Présentée et éditée par Étienne-Alain Hubert. Gallimard, Collection Blanche, 2019, 464 p., index, illustrations.

Cette correspondance inédite fait revivre vingt ans de l’histoire de Dada et du surréalisme au fil des échanges entre deux acteurs majeurs. Des noms d’écrivains — Tzara, Aragon, Crevel, Char, Péret et d’autres — traversent ces pages, ainsi que ceux de peintres, Max Ernst et surtout Dalí. On y voit l’histoire des revues s’enrichir de nouveaux épisodes.

L’auteur de Capitale de la douleur et de L’Amour la poésie a donné à la poésie surréaliste son plus pur éclat. Voilée plus tard par lui-même, la participation d’Eluard aux côtés de Breton à la vie palpitante du mouvement se révèle primordiale. Les enthousiasmes alternent avec les aveux de détresse absolue dans le dialogue de deux êtres réunis par une amitié sans réserve.

Relation dont l’un et l’autre mesureront rétrospectivement le caractère exceptionnel. « J’ai cru, comme en aucun autre, à ton amitié, à ta compréhension profonde de ce que nous voulions », écrit Breton à Eluard en mars 1936. À partir de cette année, les engagements révolutionnaires dictés au départ par la même et intransigeante passion les conduisent peu à peu vers des choix opposés. Rejoignant une aspiration de jeunesse vers la fraternité humaine, Eluard va en chercher l’incarnation du côté du Parti communiste auquel il adhérera pendant la guerre alors que les yeux de Breton se seront définitivement dessillés lors du premier Procès de Moscou. Sous nos yeux, la correspondance se fait la chronique d’une rupture.

Voir l’article de Thierry Clermont publié dans « Le Figaro » du 16 janvier 2020.

1930 – Paul Eluard et André Breton © Man Ray
ancienne collection Man Ray (18901970)